L’eau est omni-présente sur le territoire couvert par le SAGE :
- d’importantes réserves souterraines grâce à la nappe phréatique rhénane,
- un dense chevelu de cours d’eau affluents de l’Ill et du Rhin,
- des milieux humides exceptionnels, parmi lesquels la Bande Rhénane et le Ried Centre Alsace.
Ces ressources sont particulièrement vulnérables aux pollutions et pourtant indispensables au développement de notre territoire tant pour l’alimentation en eau potable, que pour les process industriels, l’agriculture ou les loisirs.
La préservation de la nappe phréatique rhénane
La partie alsacienne de la nappe s’étend sur une superficie de 2 735 km². Le volume d’alluvions représente environ 214 milliards de m3, tandis que le volume d’eau stocké côté alsacien est de l’ordre de 32 milliards de m3 (hors pliocène) et de 44 milliards pour l’ensemble de la nappe du Rhin Supérieur (de Bâle à Lauterbourg).
L’Association pour la Protection de la Nappe d’Alsace (APRONA) est chargée de la gestion des réseaux d’observation régionaux concernant la piézométrie (niveau de la nappe), la qualité des eaux souterraines, de l’exploitation d’un modèle mathématique de nappe à grande échelle.
Une ressource sollicitée pour de nombreux usages
La nappe d’Alsace est la principale ressource en eau potable de la région ; elle assure la satisfaction de 75 % des besoins en eau domestique, de plus de 50 % des besoins en eau industrielle, et la quasi-totalité de l’eau d’irrigation. Les prélèvements sont encore largement inférieurs au volume de renouvellement naturel de la nappe ; à l’heure actuelle, il n’y a donc pas globalement de surexploitation. Toutefois, il convient de rester vigilant, au regard notamment des évolutions climatiques.
Une ressource très vulnérable
Soumise à une forte pression anthropique (la plaine d’Alsace est en effet fortement peuplée avec une densité de 400 habitants au km²) et très proche de la surface du sol, la nappe a largement subi les effets de pollutions de diverses origines. Les principales conclusions de l’inventaire transfrontalier 2009-2010, réalisé sous maîtrise d’ouvrage de la Région Alsace, sont les suivantes:
- d’origine majoritairement agricole, la contamination par les nitrates est toujours préoccupante, malgré quelques améliorations locales ;
- de nombreuses molécules phytosanitaires sont présentes dans la nappe, principalement des herbicides. L’atrazine et son métabolite la déséthylatrazine sont retrouvées de façon généralisée dans les eaux souterraines (entre 80 et 86% des points de contrôle en 2009) ;
- la pollution par les chlorures, résultant essentiellement de l’exploitation des mines de potasse, constitue la plus ancienne des contaminations de la nappe. Elle est en voie de résorption (31 km² de nappe fortement contaminée aujourd’hui contre 93 en 1997) grâce à un programme de dépollution ;
- les solvants chlorés (ou composés organo-halogénés volatils) sont fréquemment détectés au droit des agglomérations et des zones industrielles. Il s’agit le plus souvent de pollutions ponctuelles liées à des implantations industrielles, ou de pollutions diffuses autour des agglomérations.
Aussi, la Commission Locale de l’Eau a défini un programme d’actions qui devrait permettre à terme (d’ici 2027) de restaurer la qualité de l’eau de la nappe vis à vis des 4 pollutions majeures : les nitrates, les produits phytosanitaires, les substances prioritaires et les chlorures.
La préservation des cours d’eau
Le réseau hydrographique est particulièrement dense sur le périmètre du SAGE. Il est formé de deux systèmes : celui de l’Ill et celui du Rhin. Les cours d’eau jouent un rôle important en termes d’auto-épuration (assimilation des rejets des stations d’épuration urbaines et industrielles), de régulation des débits, de réservoir de biodiversité mais également pour la navigation, l’hydro-électricité, la pêche ou les loisirs. Pour garantir leur fonctionnalité, la Commission Locale de l’Eau promeut une approche globale et cohérente sur tout le bassin versant.
Le Rhin
Pour assurer la navigation, le Rhin a été progressivement endigué depuis le milieu du 19ème siècle. Il s’écoule aujourd’hui dans un chenal principal d’environ 300 m de large. Très fortement dégradée dans les années 1970, puis à nouveau remise en question lors de l’accident SANDOZ en 1986, la qualité chimique des eaux du Rhin s’est nettement améliorée depuis les années 70. Le niveau de pollution semble s’être stabilisé à un niveau moyen. Les potentialités d’amélioration dans un avenir proche restent cependant faibles. En effet, de nombreuses sources de pollution devraient encore exister en 2015 et, de plus, le mauvais état physique des berges, fortement dégradées par les travaux de canalisation, ne devrait pas beaucoup évoluer dans les prochaines années.
L’Ill
L’Ill est marquée par des débits d’étiage très faible en été entre Mulhouse et Colmar (assèchement naturel de ce tronçon).En période de crues, l’Ill s’épand à l’aval de Colmar sur une zone inondable de 14 000 ha. A l’amont de Colmar, l’Ill est fortement endiguée et aménagée. A l’aval, l’Ill redevient méandreuse, et retrouve son champ d’inondation. La qualité physique s’améliore donc sensiblement et est globalement bonne entre Maison-Rouge et Sermersheim mais il faut signaler la pauvreté de la ripisylve en dehors des secteurs forestiers. La qualité chimique de l’Ill respecte l’objectif fixé par Le SDAGE, grâce notamment aux apports phréatiques importants à partir d’Illhauesern.
Les cours d’eau phréatiques
Sur le territoire du SAGE, les cours d’eau les plus remarquables sont les cours d’eau phréatiques (Hanfgraben, Lutter, Trulygraben, Ergelsenbach, etc.). Ils sont alimentés au moins en partie par la nappe d’Alsace et rejoignent ensuite le réseau hydrographique ou s’infiltrent dans la nappe. Les débits restent souvent peu élevés, induisant des capacités de dilution limitées. Leur qualité est directement tributaire de celle de la nappe et des rejets effectués dans ces cours d’eau. Les ruisseaux phréatiques ont dans l’ensemble été moins aménagés que les autres cours d’eau alsaciens. Sur certains tronçons, l’état des cours d’eau est encore proche de l’état «naturel».
La restauration des zones humides
La présence d’un réseau hydrographique dense et la faible profondeur de la nappe d’Alsace expliquent l’importance des zones humides sur le périmètre du SAGE (plus de 39 000 ha de zones humides remarquables sur le périmètre du SAGE). Les deux principaux ensembles de zones humides sont :
- la bande rhénane, correspondant à l’ancien champ d’inondation du Rhin, qui abrite la forêt alluviale rhénane ;
- les milieux riediens, correspondant aux rieds de l’Ill, de la Zembs et au Bruch de l’Andlau, conservent également des forêts alluviales relictuelles mais abritent aussi des praires humides.
Grâce à leur fonctionnement naturel, les zones humides constituent des éléments centraux de l’équilibre hydrologique des bassins versants, tant au niveau de la qualité (autoépuration, filtration des eaux de ruissellement) qu’en ce qui concerne la quantité (régulation des crues et des inondations, soutien des étiages). Pourtant, ces milieux naturels figurent parmi les plus menacés. Cette situation est essentiellement due aux activités humaines : assèchement, perturbation des interconnexions hydrauliques, fragmentation et mitage, eutrophisation et comblement, pollutions chimiques et organiques, fermeture et/ou banalisation des milieux, etc.
Les prescriptions relatives à la restauration des écosystèmes aquatiques ont été définies de façon à garantir une gestion des milieux durable et fonctionnelle (cours d’eau, Ried, forêts alluviales, anciens bras du Rhin, anciens méandres de l’Ill, zones humides). Elles s’articulent autour de trois axes :
- identifier et préserver les milieux existants ;
- rétablir leur fonctionnalité ;
- restaurer les milieux dégradés.